Garçon de 16 ans, en 4ème Technique.
Durée de l’accompagnement : 2 mois
Nous sommes contactés par le papa de Gasparo qui est extrêmement inquiet pour son fils. Son fils vient d’être mis à la porte de son école en province pour faits de violence.
Nous fixons un rendez-vous avec Gasparo.
Gasparo est métis, mi-belge, mi-brésilien mais sa couleur de peau est très sombre.
Gasparo est en colère, il a vraiment un sentiment de grande injustice et il connaît bien ce sentiment nous dit-il.
En l’écoutant, nous allons apprendre que Gasparo vit régulièrement des situations de grandes violences verbales surtout depuis qu’il est dans une école en province qui accueille peu de jeunes à la peau foncée.
Ses professeurs ne croient pas en lui et ne lui prêtent que peu d’attention, ils ne veulent pas croire à son projet d’études, ses condisciples l’insultent très souvent et lui disent de retourner chez lui. Alors un jour, après avoir été insulté, harcelé, bousculé, Gasparo a dit stop et a réagi. Il a été éjecté de l’école.
Nous avons travaillé avec Gasparo pour lui permettre de reprendre confiance en lui, croire à nouveau qu’il pouvait atteindre son objectif, Gasparo voudrait faire des études de théâtre, et nous l’avons accompagné à s’inscrire dans une de nos écoles partenaires où se côtoie une grande mixité.
Quelques mois plus tard, nous avons été interpellé par un ami de Gasparo qui nous a dit : « Est-ce que vous voulez bien m’aider, Gasparo m’a dit que je pouvais vous faire confiance. »
A ce jour, Gasparo est toujours scolarisé, nous avons des nouvelles par son papa, il est en route vers son projet.
Jeune fille de 17 ans en 4ème Technique
Durée de l’accompagnement : 4 mois
Fathia nous est signalée par son école, elle s’absente très fréquemment et l’école est inquiète pour elle.
Après quelques essais, nous réussissons à joindre Fathia qui accepte un rendez-vous.
Fathia nous dévoile petit à petit ses peurs et les raisons de ses absences.
Dans sa famille, une jeune fille « bien » ne sort pas mais elle a 17ans et voudrait pouvoir aller faire des promenades ou du shopping entre copines. Elle ne voit rien de répréhensible à cela, elle respecte sa famille et elle ne fait rien de mal comme elle le dit. Elle a peur de son père qui est très autoritaire et elle a le sentiment que sa maman ne l’écoute pas. Elle se sent très seule, très isolée, c’est la seule fille de la famille. Ses frères font ce qu’ils veulent et ne la soutiennent pas, au contraire. Alors, elle s’absente de l’école pour gagner des moments de liberté même si elle sait que, en faisant cela, elle met son projet en péril, elle veut devenir institutrice.
Nous allons accompagner Fathia pendant plus de 2 mois et nous allons rencontrer ses parents qui au début ne veulent rien entendre. Mais ils aiment leur fille et ils veulent que celle-ci soit heureuse même si pour eux, « l’école pour une fille », ce n’est pas important. Ils vont pouvoir entendre que leur fille les respecte mais que, vivant en Europe, elle a envie d’un peu de liberté. Fathia va recevoir des autorisations de sortie accompagnée de l’une ou l’autre amie et va retourner terminer sa scolarité.
Jeunes garçons de 15 et 16 ans en 3ème professionnelle.
Durée de l’accompagnement : 8 mois.
L’école nous appelle, elle a 2 jeunes garçons qui sont frères et qui ne font rien en classe, l’école envisage de les mettre à la porte.
Nous leur demandons de ne pas prendre de décision trop rapidement et de nous laisser le temps de rencontrer ces 2 frères.
Ali et Mourad sont arrivés de Syrie 3 ans plus tôt avec leur père qui parle à peine quelques mots de français. Ils ont d’abord été dans une classe de primo-arrivants mais on ne peut rester dans cette classe qu’une année et, très souvent, une seule année ne suffit pas à beaucoup de jeunes pour connaître le français surtout si dans leur famille, personne ne parle le français. En fait, dans l’école, personne n’avait remarqué leur mal-être, personne n’avait prêté attention au fait qu’ils comprenaient à peine la langue et qu’en conséquence, ils ne pouvaient s’intéresser aux cours. L’école voyait seulement 2 jeunes inattentifs, semblant ne rien écouter.
Malgré son désir de soutenir ces deux jeunes, l’école n’avait pas la possibilité de leur donner des cours d’alphabétisation, notre asbl s’est alors chargée elle-même de donner à ces 2 frères des cours d’alphabétisation.
L’école même si elle en a le désir, n’a souvent pas la possibilité ni les moyens de répondre à certains besoins spécifiques de ses élèves et se trouve dès lors dans l’incapacité d’aider des jeunes en grande difficulté.
Nous avons accompagné ces jeunes et leur famille et aujourd’hui, petit à petit, Ali et Mourad s’inscrivent dans leur projet.
Garçon de 16 ans, 3ème professionnelle Services sociaux
Durée de l’accompagnement : 6 mois
Lorsque Noureddine nous est confié par l’école, il cumule 11 ½ jours d’absences injustifiées. L’école est inquiète par ses mauvais résultats scolaires (35%) mais surtout par l’augmentation de ses absences injustifiées, alors que son comportement général est perçu positivement.
A l’extérieur de l’école, Noureddine est sous le coup d’une procédure judicaire; il est en effet poursuivi pour complicité dans une tentative d’effraction dans un véhicule et détention de cannabis. En attente du jugement, Noureddine est suivi par un juge de la jeunesse qui lui a imposé des conditions strictes (aucune absence injustifiée, amélioration des résultats scolaires, interdictions de fréquenter certains jeunes, consultation de la Cannabis Clinique) dont le respect lui autorise un maintien en famille, l’alternative étant l’IPPJ (Institution Publique de Protection de la Jeunesse).
Nous allons accompagner Noureddine jusqu’à la fin de l’année scolaire, rencontrer régulièrement son père, participer à des médiations familiales, établir une coordination régulière avec l’école et avec le délégué SPJ en charge de Noureddine.
Noureddine est en colère et a un grand sentiment d’injustice. Il lui est difficile d’admettre sa responsabilité dans sa situation scolaire tout comme dans celle qui lui vaudra d’être jugé et condamné à des travaux d’intérêt général. De plus, il subit la déception de son père qui rêve de lui faire intégrer une école sportive afin de devenir un footballeur professionnel. La réussite de sa 3ème professionnelle est la condition minimale pour intégrer une classe de 4ème technique de qualification en humanité sportive.
A Noël, ses absences injustifiées ont augmenté, l’école l’a informé de son statut d’élève libre, ses résultats aux examens de noël sont catastrophiques et le climat familial est plus tendu que jamais. La démotivation de Noureddine est totale, il est proche de l’abandon. L’intervention du proviseur de son école va être déterminante : ayant confiance en Nourredine, il l’aidera à justifier certaines absences qui ne l’avaient pas été (ex : certificats non remis) tout en soutenant notre démarche complémentaire à la sienne. Noureddine ne sera pas élève libre et va découvrira que le rôle de son école est aussi de pouvoir aider au mieux un élève en difficulté même si celui-ci n’a pas toujours respecté le contrat de régularité précédemment établi.
Nous allons travailler la motivation réelle de Noureddine à vouloir poursuivre ses études en humanité sportive et le confronter à la réalité de sa situation. Cela va lui permettre de s’approprier une plus grande part de responsabilité personnelle dans ce qu’il vit à l’école (ses absences injustifiées, ses échecs scolaires) et en dehors de l’école (ses ennuis judiciaires). Noureddine va ainsi prendre davantage conscience de sa propre faculté de changement sur sa vie.
D’un point de vue scolaire, rien n’est encore gagné mais Noureddine sait qu’il pourrait encore réussir son année et que cela dépend grandement de lui.
Fille de 14 ans, en 1ère secondaire
Durée de l’accompagnement : depuis avril 2015 et toujours en cours.
Etat de la situation lorsque Mounia nous est confiée :
Nous sommes contactés par la maman de Mounia. Sa fille ne va plus du tout à l’école (elle a atteint 63 ½ jours d’absence injustifiée). La maman a le sentiment que c’est dû à un harcèlement que Mounia a vécu à l’école mais Mounia ne veut pas en parler et lui dit que cela n’a aucun rapport.
Travail effectué :
Je rencontre Mounia quelques jours plus tard. La maman vit seule avec ses cinq enfants qui ne sont pas tous du même père. Mounia a 14 ans et est la deuxième de la fratrie. Elle se sent nulle, mal-aimée, incomprise aussi bien à la maison qu’à l’école. Elle a le sentiment que son papa qui vit avec une autre femme et a de nouveaux enfants ne lui porte pas d’intérêt et que sa maman désire « refaire sa vie » et qu’elle est dans le chemin. Elle n’arrive pas à communiquer avec sa maman.
Après un premier entretien, il s’avère aux yeux de tous (Mounia, la maman et moi) qu’il vaut mieux trouver une autre école pour Mounia, plus près de son domicile. L’école qu’elle a abandonnée est à plus d’une heure de trajet de son domicile. Commencer un nouveau parcours à priori vierge de tous les accrocs précédents. Mounia est enthousiaste, sa maman aussi. Le lien est bien établi.
Peu de temps après, je reçois un appel de Mounia : elle est partie de chez sa maman et s’est réfugiée chez sa tante qui ne peut l’héberger que deux ou trois nuits. Je contacte immédiatement la maman pour fixer un rendez-vous auquel Mounia assistera. Je vais jouer le rôle de médiateur. On pose les règles : chacune va pouvoir s’exprimer calmement, sans couper l’autre et chacune s’engage à écouter l’autre. Ce moment est important : c’est la première fois que Mounia se permet de dire tout haut à sa maman ses inquiétudes : elle a peur d’être abandonnée par son papa mais aussi par sa maman. Elle souffre de voir sa maman repartir toujours dans de nouvelles relations et faire de nouveaux enfants et puis souffrir des abandons consécutifs avec ses compagnons. La maman ne veut pas que sa fille se mêle de sa vie privée. Elle veut être une maman mais veut être une femme aussi. Elle a un sentiment d’intrusion de la part de sa fille et ça la dérange. Elle ne se rendait pas compte que sa fille souffrait de ses différentes relations.
A l’issue de cette rencontre, Mounia et sa maman vont pouvoir s’exprimer leur amour mutuel et s’engagent à apprendre à communiquer l’une avec l’autre.
Bilan à la fin de l’année scolaire:
Le suivi n’est pas fini. A partir de maintenant, nous allons travailler à la réinscription de Mounia dans une nouvelle école et revoir régulièrement la maman et Mounia pour leur permettre de continuer leur vie ensemble dans une communication plus ouverte.
Fille de 16 ans, en 3ème secondaire
Durée de l’accompagnement : d’avril à Juin 2015.
Etat de la situation lorsque Jana nous est confiée par l’école :
La demande d’intervention de l’école fait suite à un nombre élevé d’absences (24 ½ jours d’absence injustifiée) : elle est élève libre depuis peu. Le directeur, souhaite donner une chance à cette élève, lui permettre de regagner son statut d’élève régulier moyennant un travail avec Odyssée. La jeune fille m’est présentée comme très timide. Une réorientation serait à envisager.
Travail effectué :
Jana attend mon appel « C’est mon éduc qui m’a parlé…. ». Nous fixons rendez-vous. Elle a énormément de responsabilités chez elle, comme s’occuper de son petit frère tous les jours après l’école et elle n’a donc pas de temps pour elle, elle aimerait tellement danser … Sa classe est partie en voyage scolaire, elle n’a pas pu partir car son passeport n’était pas en ordre. Elle s’est absentée de l’école pour faire les démarches et obtenir les documents mais malgré cela, elle n’obtiendra pas les documents dans les temps et ne fera pas ce voyage. Elle apprécie sa classe mais son option l’intéresse peu. Elle estime, malgré son grand nombre de jours d’absence, être capable de réussir son année si elle s’y met.
Nous rencontrons ensemble le directeur de l’école. Il demande à Jana de construire un projet avec Odyssée et de le présenter, plus aucune absence ne sera tolérée et, dans ces conditions, elle pourrait retrouver son statut d’élève régulier.
Je rencontre Jana avec sa mère pour préparer la rencontre avec le directeur. Jana est très inquiète, elle a peur de ne pas pouvoir changer à nouveau de statut et redevenir “élève normal” comme elle dit. Sa mère ne parle pas français mais on sent son inquiétude, elle n’a pas besoin de parler !
Lors de la rencontre avec le directeur, Jana a du mal à s’exprimer. Elle est très stressée et craint de ne pas réussir à convaincre le directeur. Malgré tout cela, le directeur va accepter la demande de Jana et un document est établi dans lequel Jana s’engage à réussir son année sans examen de passage, à poursuivre ses entretiens avec Odyssée et à ne plus être absente. C’est elle qui définit ses engagements.
Lorsque je la revois, elle est partagée entre la joie de recevoir une chance et la pression qu’implique son engagement. Difficile pour Jana d’accepter de se faire aider, elle aime travailler seule. Elle acceptera que je contacte ma collègue spécialisée en remédiation en français, branche dans laquelle elle est le plus en difficulté. Petit à petit, son état d’esprit change vers un regard où les choses deviennent possibles.
Bilan à la fin de l’année scolaire :
Jana a gagné en assurance. Je fais le bilan avec elle avant sa session. Elle me dit être plus concentrée lorsqu’elle étudie, fini de regarder par la fenêtre, fini les jours d’absence et les retards.
Elle se sent prête à commencer les examens. « Je n’ai jamais eu autant envie de réussir » me dira-t-elle. Son projet pour l’an prochain ? Elle ne veut plus vivre l’inquiétude de cette année, elle ne sera plus absente.
Fille de 15 ans, en 3ème secondaire
Durée de l’accompagnement: de janvier 2015 à juin 2015.
Etat de la situation lorsque Sophia nous est confiée par l’école :
Nous avons rencontré Sophia lors d’un atelier de confiance en soi. Lors de cet atelier, bien qu’elle semblait parfaitement intégrée dans le groupe, elle n’a que peu participé aux exercices proposés. L’école nous a demandé de l’accompagner car elle a manifesté des comportements totalement inadéquats en classe (alcool et drogue).
Travail effectué :
Lors du premier rendez-vous, Sophia me confie quelques difficultés mais m’avoue assez rapidement qu’elle ne pense pas que ses problèmes aient une solution. Bien qu’elle accepte le principe du suivi, Il faudra quelques rencontres pour travailler la notion d’ouverture aux possibles à savoir qu’elle peut avoir un impact sur la situation et la changer si elle le désire et qu’elle entreprend les actions nécessaires et appropriées, et ce, quels que soient ses choix futurs.
Lors de ces rencontres, elle m’a confié sa difficulté à vivre chez son père qui est alcoolique. Elle envisage d’aller vivre chez sa mère ; mère sans papier qui a quitté le pays à diverses reprises lorsque Sophia était plus jeune. Sophia a connu de nombreuses ruptures de liens avec ses parents depuis son jeune âge : pas de contact avec son père lorsqu’elle était plus jeune, elle a été confiée à son beau-père lors d’un départ de sa mère « au pays », a vécu quelques temps en internat pour finalement s’installer chez son père de manière définitive. Par ailleurs, les difficultés de ses parents l’ont conduite à prendre, très jeune, des responsabilités pour sa survie (se faire à diner, rester seule la nuit…). Ses conduites à risque sont associées à une volonté d’oublier les difficultés, bien que Sophia soit pleinement consciente que les difficultés restent prégnantes une fois l’effet des substances passé.
Dès lors, une réflexion s’engage sur ses désirs quant à son lieu de vie tout en mettant en lumière les difficultés quotidiennes qui l’empêchent temporairement de s’investir dans son travail scolaire. Sophia est néanmoins convaincue de la valeur de ses capacités scolaires ainsi que de son choix d’option, projet que nous soutiendrons, en collaboration avec l’école.
Sophia doute beaucoup : elle ne veut plus réellement vivre avec son père mais n’a pas réellement confiance en la stabilité de sa mère. La piste d’un placement est envisagée mais il est difficile pour elle de prendre une décision. Elle recherche stabilité, calme et sécurité. Finalement, un conflit assez violent avec son père va la conduire à quitter celui-ci pour se rendre chez sa mère. Mais celle-ci sera, quelques jours plus tard, mise aux arrêts par la police (illégale en Belgique et menus larcins). Sophia est alors placée dans un centre d’accueil temporaire. Ces événements vont lui permettre d’approfondir sa réflexion. Notre travail consistera à l’accompagner dans toutes les difficultés psychologiques, logistiques et familiales que le choix d’être placée en centre va amener.
D’une part, nous allons faciliter les relations entre les différents services qui s’occupent de son dossier : SAJ, CBJ, ligne d’urgence de placement, centre d’accueil temporaire…
D’autre part, nous allons également accompagner Sophia à communiquer avec ses parents, éclairant les points de vue de chacun dans l’objectif de garder le lien entre l’adolescente et ceux-ci. Nous adresserons également la maman à une instance qui pourra l’accompagner dans le cadre de sa régularisation.
Dans cette situation de crise, notre rôle a été de soutenir Sophia, de l’amener à réfléchir sur le meilleur pour elle-même et sur les conséquences de ses décisions tout en veillant à son bien-être tant physique (comportement à risque) que psychologique (estime de soi).
Bilan à la fin de l’année scolaire :
Sophia a été placée dans un home pour jeunes filles dans lequel elle s’est sentie rapidement tranquille et à retrouver de la sérénité. Nous avons alors pu travailler à la remise en projet scolaire, remise en projet qui est positive et qui devrait se solder (selon l’école) par une réussite de cette année scolaire. Sophia n’a plus de comportements à risque (drogue, alcool), elle a appris à communiquer différemment son mal-être. Le lien avec ses parents est, pour l’instant, maintenu.
Garçon de 14 ans, en 3ème secondaire
Durée de l’accompagnement : mars 2015
Etat de la situation lorsque Simon nous est confié par sa maman :
Nous sommes contactés par la maman de Simon, elle s’inquiète pour son fils de 14 ans. Ses résultats scolaires ont chutés et il communique de moins en moins avec elle, préférant écouter de la musique dans sa chambre, seul. La maman nous apprend aussi qu’elle a perdu son compagnon il y a 2 ans et qu’elle se remet difficilement de cette perte.
Travail effectué :
Nous les rencontrons tous les 2 peu après l’appel téléphonique.
Nous passerons la première partie de la rencontre avec Simon et sa maman et ensuite, nous resterons avec Simon en proposant à la maman d’aller faire une petite promenade. Lorsque nous posons des questions à Simon en présence de sa maman, il répond peu et souvent, même, la maman répond avant que Simon ne puisse éventuellement le faire. La maman semble très éprouvée par la situation, elle parle bas, lentement et exprime beaucoup de souffrance.
Seul avec Simon, il se révèle plus bavard même si discret, il s’autorise à s’exprimer. Il souffre de la douleur de sa maman et a le sentiment que, dans un contexte comme celui-ci, il n’a pas le droit d’être heureux, léger ou de réussir ce qu’il fait. Il se ferme alors ” à sa vie” et se refugie dans la musique et dans les jeux vidéo. Simon va beaucoup pleurer durant cette rencontre et il va pouvoir prendre conscience que, oui, sa maman souffre mais que être malheureux, ne pas accueillir la vie, ne va pas enlever la souffrance de sa maman.
Bilan à la fin de l’année scolaire :
Nous ne reverrons pas Simon après cette rencontre mais nous reverrons la maman quelques semaines plus tard. Elle nous dira qu’elle ne sait pas ce qui s’est dit pendant notre entrevue avec Simon mais que depuis, il est léger, s’est réinvesti dans sa scolarité, il revoit ses amis. La maman a entamé un suivi thérapeutique. Elle aussi a pu se rendre compte du poids qu’elle faisait porter inconsciemment à son fils.
Garçon de 14 ans, déscolarisé
Durée de l’accompagnement : depuis mai 2015
Etat de la situation lorsque Erwan nous est confié par le SAJ :
Erwan est un jeune adolescent de 14 ans vivant avec sa mère et sa sœur ainée. La situation familiale est très difficile tant socialement que financièrement. Erwan dit souffrir de phobie scolaire depuis 4 à 5 ans et est suivi depuis par le SAJ qui ne sait plus comment avoir un levier sur cette famille fusionnelle. Il a mal au ventre à l’approche de l’école, se tord de douleur et sa mère prend alors le parti de la ramener à la maison où il traîne et joue. Il est donc en décrochage depuis des années.
Travail effectué :
Je rencontre Erwan et sa mère et comprend rapidement de par le vocabulaire utilisé par le jeune, qu’il n’y a pas là, la moindre phobie scolaire. Je lui partage mon analyse sans détours. Erwan finit par reconnaître qu’il n’a rien, si ce n’est l’envie de ne pas aller à l’école. Sa mère se rend compte de la situation et accepte qu’elle est, de par son désir de protection, également responsable de cette situation ; l’encourageant même quelques fois en achetant à son fils des consoles, jeux, etc.
Lors de la deuxième visite, Erwan commencera de but en blanc par dire à sa mère (à son grand étonnement) qu’à partir de maintenant, il demande à sa mère de le “forcer à aller à l’école”. Sa mère réalise aussi que ce qui pose problème réside aussi dans le fait qu’Erwan est “son petit dernier” et qu’après lui, il n’y aura plus d’homme à la maison.
Bilan à la fin de l’année scolaire :
Conjointement avec le SAJ, Erwan va faire des démarches pour trouver une école acceptant de l’inscrire pour la rentrée prochaine. Le suivi n’est pas terminé mais l’énergie à l’air d’être suffisamment là chez Erwan et sa mère pour pouvoir imaginer la suite d’un travail bénéfique pour eux mais surtout pour le fils.
Jeunes garçons de 15 et 16 ans.
« Nous avons tous été grimper dans les arbres en forêt, nous avons apprécié la nature, nous sommes montés tout en haut des arbres et, malgré nos peurs, nous avons eu confiance, nous avons aussi eu confiance en nos copains qui tenaient les cordes au sol. Quand nous sommes arrivés tout en haut des arbres après quelques essais, nous avons découvert le silence, nous avons vu une rivière au loin et nos copains, tout en bas, étaient tout petits petits, c’était magnifique et nous nous sentions super fiers.»
Voilà ce que nous racontent un groupe de jeunes pour qui nous avons organisé une journée dans la forêt et que nous retrouvons quelques semaines après cet atelier de grimpe dans les arbres. Ils ont encore les yeux qui brillent quand ils en parlent. Mais là, à l’école, ils ne savent pas ce qu’ils font, ils ne savent pas pourquoi ils sont dans cette section. Sur 15 jeunes, seulement 3 ont choisi de devenir peintre. Il y a 8 jeunes belges d’origine marocaine, 4 jeunes belges d’origine sénégalaise, un jeune polonais, un jeune roumain et un jeune belge d’origine belge.
Ils sont laissé à la traîne, orientés dans une filière non choisie qu’ils risquent d’abandonner rapidement et cette décision va peser sur le reste de leur vie.
Ils n’auront pas acquis, à l’école, des expériences de réussite, d’estime de soi, de confiance en soi. Personne n’a prêté attention à leurs compétences et eux- mêmes ne connaissent pas leurs ressources.